Handicapés par leur score calamiteux à la dernière présidentielle, le PS est en position de faiblesse. Pour garder son groupe parlementaire, il est prêt à s’allier à Jean-Luc Mélenchon et à renoncer à une part de ses idées.

Lorsque le PS mené par Benoît Hamon a obtenu 6,36% à l’élection présidentielle de 2017, de nombreux responsables socialistes ont ignoré l’alerte en pensant qu’il ne s’agissait que d’un revers passager qui ne mettrait pas en péril l’hégémonie du parti à la rose sur la gauche tricolore. Cinq ans plus tard, Anne Hidalgo réalise une performance encore pire : 1,75%, loin, très loin derrière les 21,95% de LFI. Le vénérable mouvement récolte même moins de voix que ses anciens obligés le PCF et EELV. Pour continuer à peser sur le plan national, le parti n’a plus le choix, il doit s’allier et reconnaître sa position de faiblesse.

Alliance de raison

C’est du moins le choix effectué par Olivier Faure, actuel premier secrétaire. Oubliée les attaques contre Jean-Luc Mélenchon. Désormais, le député de Seine-et-Marne est à la manœuvre pour acter un rapprochement avec le nouveau patron de la gauche. Quitte à faire des concessions sur des "fondamentaux" de la social-démocratie ? La question agite les socialistes. D’un côté, un camp mené par Olivier Faure ou Pierre Jouvet, secrétaire national aux élections propose une paix des braves et une alliance en bonne et due forme. Mais certains ne l’entendent pas de cette oreille.

Les éléphants barrissent toujours

Beaucoup de responsables socialistes montent au créneau pour faire barrage à cette alliance qu’ils jugent contre nature. Le 1er mai, dans une interview accordée au Point, Stéphane Le Foll, rival d’Anne Hidalgo à la primaire a déploré que son parti  "renonce à son histoire pour vingt députés". Jean-Christophe Cambadélis, de son côté lance un appel à "se coordonner pour résister et se refondre". François Hollande et Anne Hidalgo sont vent debout contre ce rapprochement, tout comme Carole Delga, présidente de l’Occitanie qui a investi "ses" candidats dans sa région.

Vers un grand exode ?

Reste à savoir quelle sera l’attitude de la majorité des responsables du parti à la rose pour le moment muets. Que feront des personnalités influentes comme Mathieu Klein, maire de Nancy ou Michael Delafosse, maire de Montpellier, attachés à une social-démocratie apaisée, à une laïcité intransigeante et à la construction européenne ? Que feront les actuels députés PS ancrés dans des territoires modérés et menacés par la Macronie ? Quelle sera la réaction des militants qui, pour le moment, ne sont pas consultés par la direction ?

Une chose est certaine, de nombreuses structures ne demandent qu’à accueillir d’éventuels transfuges. Depuis des mois, Territoires de Progrès, l’aile gauche de la Macronie, multiplie les appels du pied. Depuis avril, existe également un nouveau mouvement, La Fédération des Progressistes qui regroupe plusieurs anciens ministres socialistes tels que François Rebsamen, Marisol Touraine ou encore Juliette Méadel. Même Jean-Pierre Chevènement est à la manœuvre puisqu’il a créé Refondation républicaine, une force politique qui, elle aussi, se réclame de gauche tout en soutenant Emmanuel Macron. En somme, les mécontents disposent de plusieurs points de chute.

Lucas Jakubowicz

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