En dix ans, le nombre de candidats au Capes de mathématiques a baissé de 30%. Ce qui oblige le ministère de l’Education nationale à recruter des enseignants pas au niveau. Une catastrophe pour un pays dont le déclin en sciences pourrait porter atteinte à notre démocratie et notre souveraineté

Voici un chiffre qui, en cette période de rentrée scolaire,en dit long sur notre système scolaire actuel et à venir : entre 2010 et 2020, le nombre de candidats au Capes de mathématiques a chuté de 30%. Les étudiants français du XXIe siècle sont de moins en moins nombreux à se tourner vers des études supérieures en sciences et, logiquement, ceux qui le font optent pour les cursus offrant les meilleures perspectives en matière de salaire. Ce qui n’est pas le cas de l’enseignement… Face à cette situation, deux mauvaises solutions de court terme sont envisageables : rester inflexible sur les prérequis et surcharger davantage les classes. Ou alors diminuer les attentes, ce qui a été fait. Conséquence, pointée par le jury : "Beaucoup  trop de copies comportaient des erreurs de logique grossières.". Mais leurs auteurs pourront enseigner. Une situation relevée en juin par un rapport d’information du Sénat qui souligne "un déficit d’attractivité de l’enseignement dans les filières scientifiques qui pèse sur les recrutements par concours et se traduit par une baisse du niveau des enseignants".

Comme si la France avait besoin de cela ! Rappelons que, selon l’étude internationale TIMSS (Trends in Mathematics and Science Studies), les élèves français sont les plus mauvais en mathématiques de toute l’Union européenne et qu’ils se classent avant-derniers au sein de l’OCDE. Une chute connue par nul autre pays en trente ans. Recruter des profs qui n’ont pas le niveau pour tenter d’améliorer la situation est une gageure. Mal formés, les élèves ne progresseront pas dans l’enseignement primaire et secondaire, seront moins nombreux à étudier les sciences et seront encore moins nombreux à souhaiter les enseigner. Une catastrophe à venir pour la nation qui a formé René Descartes, Nicolas de Condorcet, Henri Poincaré ou Cédric Villani. Un pays dont les habitants sont privés d’esprit cartésien et rationnel est un pays où les citoyens seront sensibles aux fake news, aux discours mensongers, aux superstitions. Un danger pour la démocratie. Mais aussi pour notre souveraineté. Sans maîtrise des technologies, sans capacité à innover, la France sera à la remorque du reste du monde. En bref, c’est une idiocratie qui se profile. À moins de prendre des mesures fortes et politiquement incorrectes telles que mieux payer les profs qui enseignent des matières pénuriques. Ce qui est plus rare étant plus cher.

Lucas Jakubowicz

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