Edito. Y’a d’la joie
"Nous sommes en guerre", martelait Emmanuel Macron le 16 mars 2020 dans son adresse aux Français dès le début de la crise sanitaire. Une année plus tard, même si un nouveau variant n’est pas exclu, il est possible de le proclamer : la guerre est (presque) gagnée. La campagne de vaccination a atteint sa vitesse de croisière, les stocks de Moderna, Pfizer et AstraZeneca sont pleins. Résultat, fin mai, près de la moitié de la population avait reçu au moins une dose. Et la vie reprend peu à peu ses droits. Les terrasses se remplissent, les lieux culturels rouvrent leurs portes, les gens s’embrassent, la vie au jour le jour n’est plus la norme. Si l’Histoire est un éternel recommencement, les mois à venir s’annoncent enchanteurs.
À chaque fin de guerre ou de crise, la population oublie le passé et laisse exploser son insouciance, sa rage de vivre et de s’amuser. À la clé, création artistique, croissance économique, innovations techniques et babyboom. Roaring twenties, Trente Glorieuses, Renaissance : plus les difficultés traversées sont grandes, plus le futur paraît exaltant. Certes, la pandémie de Covid-19 n’a que peu à voir avec les deux Guerres mondiales ou les épidémies de peste noire du XIVe siècle qui auraient tué près du tiers de la population du Vieux Continent. Mais tout de même, le "nouveau monde" qui s’annonce peut être riche en changements. Que nous réservera-t-il ? Quelles surprises nous préparent les artistes trop longtemps assignés à résidence ? Cet été 2021 marquera peut-être le début d’un nouveau cycle créatif… Quelle énergie va insuffler la jeunesse enfin autorisée à retrouver sa joyeuse routine ? Le moyen terme s’annonçant plus rose, la natalité va-telle repartir à la hausse ? Cela sera plus que bienvenu, elle décline depuis 2015 et s’est effondrée en 2020. Dans quelle mesure la digitalisation développée ces derniers mois bouleversera-t-elle notre manière de consommer et de communiquer ? Le télétravail va-t-il se généraliser et revitaliser les zones laissées à l’écart de la mondialisation ? Les milliards du plan de relance annonceront-ils un nouveau cycle de prospérité, à l’instar du plan Marshall ?
Nul n’est en mesure de répondre à ces nombreuses questions. Mais, pour la première fois depuis longtemps, nous savourons le jour présent et attendons le prochain avec impatience. Un luxe dont nous commencions à nous languir.
Lucas Jakubowicz