En acceptant que les « Spezialfonds » détiennent jusqu’à 20 % de cryptomonnaies dans leurs portefeuilles, l’Allemagne prend les devants sur leur régulation. La loi passée en juillet et mise en application le 2 août 2021 ouvre la voie à une adoption institutionnelle du Bitcoin et autres actifs numériques.

Cette décision réjouira les « crypto-enthousiastes ». Dorénavant, en Allemagne, les 4 000 « Spezialfonds », ces fonds accessibles aux investisseurs institutionnels (pensions de retraite, assureurs) qui gèrent à ce jour 1,8 milliard d’euros d’encours, pourront intégrer les cryptomonnaies dans leurs allocations, à hauteur de 20 % maximum.

L’Allemagne poursuit donc dans son ouverture à cette classe d’actifs. Depuis 2020, la législation allemande autorise déjà les banques à détenir et vendre des cryptomonnaies, après avoir obtenu une licence de la BaFin, l’autorité fédérale de supervision financière. Une quarantaine d’établissements ont d’ailleurs exprimé un fort intérêt.

Un flop annoncé ?

Si cette possibilité est bienvenue pour le secteur, son implantation concrète semble loin d’être acquise. Ces fonds sont par nature conservateurs, répondant à une demande au profil défensif. L’aspect spéculatif des cryptomonnaies ainsi que leur volatilité risquent de ne pas faire bon ménage avec les contraintes et les règles strictes de gestion des « Spezialfonds ».

Au-delà de ces considérations opérationnelles et de conformité, il faudrait aussi que les gérants expriment le souhait d’investir dans ce domaine, ce qui pour l’instant paraît ambitieux. Tout cela indiquerait que les 20 % autorisés soient une limite lointaine. Les uns se mouilleront à petite dose quand d’autres n’y toucheront pas.

Marc Munier

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