D. Padovani d'Hautefort (Priorités Patrimoine): "Mon engagement s’inscrit dans mon histoire personnelle"
Décideurs. Comment et pourquoi êtes-vous devenue CGP ?
Delphine Padovani d'Hautefort. Mon engagement s’inscrit dans mon histoire personnelle. Au décès de mon père, j’avais 23 ans et ma mère 49. Je l’ai aidée à placer le capital décès du mieux possible pour qu’elle en bénéficie jusqu’à sa retraite. Cet épisode m’a fait réaliser l’absence de conseil dans ce domaine et m’a donné envie de m’investir dans la gestion de patrimoine.
Avez-vous déjà ressenti l’effet "plafond de verre" dans votre carrière ? Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui y sont confrontées ?
L’argent et la réussite sont des sujets encore préemptés par les hommes dans certains milieux, mais le frein vient souvent des femmes elles-mêmes. De plus, il est difficile en France dans nos métiers de faire valoir la valeur du conseil et d’obtenir la juste rémunération de ses compétences. À cela s’ajoute pour les femmes la question de leur légitimité pour celles qui s’impliquent trop personnellement dans leur activité.
Comment imaginez-vous votre métier se transformer à moyen terme ?
La dimension conseil et "family office" va certainement prendre de plus en plus d’importance. Les clients posent des questions toujours plus précises et demandent des prestations plus personnalisées : l’occasion de démontrer notre expertise et la pertinence de nos recommandations ! D’autre part, je crois que nous nous dirigeons vers un système à deux vitesses comme dans les pays anglo-saxons, avec deux types de clients : ceux qui accepteront de se faire conseiller et bénéficieront d'une optimisation de leur patrimoine, de sa transmission et de leur retraite ; et les autres, qui prendront le risque de subir la dégradation du système, de leur pouvoir d’achat et qui auront plus de difficulté à soutenir leurs proches.
Le conseil que vous auriez aimé qu’on vous donne avant de vous lancer ?
Alors que 40 % des chefs d’entreprise sont des femmes, ce chiffre tombe à moins de 20 % dans notre profession. Pourtant, le métier est passionnant, intellectuellement enrichissant et permet d’allier vie professionnelle et personnelle. En tant que femmes, nous devrions avoir conscience de la qualité de notre écoute, de notre empathie et de notre intuition. Il faut nous faire confiance. Nos clients nous confirment chaque jour que nous sommes tout à fait légitimes. C’est très valorisant et rassurant.