Dette privée : le marché se retourne
La dette privée n’attire plus autant. C’est en tout cas ce que souligne le baromètre Coller Capital, où 44 % des Limited Partners interrogés se déclarent insatisfaits du couple rendement-risque apporté par les fonds de private debt. Les performances de cette classe d’actifs se sont en effet graduellement érodées sur plusieurs segments, notamment pour la dette unitranche et la dette à trois ans, qui affichent des rendements à 7% et 4%. Des retours sur investissement bien éloignés des taux à deux chiffres que le marché présentait il y a encore quelques années. Cette baisse de régime ne passe pas inaperçue : selon l’institut d’étude Preqin, 592 véhicules d’investissement n’avaient pas encore réussi à remplir leur objectif de levée de fonds (300 M$) à la fin du premier trimestre et le total de ceux qui y sont parvenus est le plus faible depuis cinq ans.
Le revers de la médaille
Si le marché mondial de la dette privée semble se retourner, c’est qu’il est en partie victime de son succès de ces dernières années. Les taux à deux chiffres ont en effet amené une multitude de gérants dont certains, pour se démarquer, ont adopté un discours très (trop) optimiste. L’arrivée de ces nouveaux acteurs, additionnée au départ des banques (beaucoup moins présentes sur la dette privée), a donné naissance à un marché très concurrentiel et tiré les rendements vers le bas. De plus, la menace de l’inflation joue également un grand rôle dans les mauvaises anticipations du marché et ce, malgré les politiques budgétaires adoptées à travers l’Europe. Enfin, si la perfusion budgétaire venait à être coupée, les capacités de remboursement des entreprises seraient alors réellement mises à l’épreuve. Une telle coupure n’est pas encore à l’ordre du jour mais l’incertitude qu’elle engendrerait sur le taux de défaut des entreprises, suffit pour mettre le marché sur ses gardes.
S.A