Sous l’égide de cet ancien haut fonctionnaire, Worldline ne cesse de croître. Le groupe spécialisé dans les paiements s’est rapproché d’Ingenico pour devenir le quatrième acteur mondial du secteur.

Gilles Grapinet a le profil type des grands patrons, au sens noble du terme. Énarque, il est passé par le public avant de faire carrière dans le privé. Ces différentes vies vont de pairs avec de belles rencontres, qui l’emmènent loin avant qu’il ne prenne son envol en tant que PDG chez Worldline, où il fait assurément ses preuves.

"Dir cab"

Gilles Grapinet, qui a passé son enfance en Afrique - où il aime à retourner dès qu’il le peut - effectue sa scolarité à La Flèche dans la Sarthe. Après une maîtrise de droit public à l’université d’Aix-Marseille, il réussit le concours de l’ENA, où il fera partie de la promotion Condorcet. À sa sortie, il intègre la prestigieuse inspection des finances, par laquelle sont passés ni plus ni moins Emmanuel Macron, Nicolas Dufourcq (directeur général de Bpifrance) ou encore Stéphane Richard et Frédéric Oudéa, respectivement patrons d’Orange et de la Société générale.

Après la direction générale des impôts et le ministère du Budget, Gilles Grapinet devient conseiller pour les affaires économiques et financières auprès du Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin. Il retrouve ensuite Bercy, en qualité de directeur de cabinet d’Hervé Gaymard puis de Thierry Breton. "Ce fut une période d'une richesse humaine et professionnelle extraordinaire, expliquera-t-il aux Échos. Un moment difficile aussi car, à Bercy, on agit au milieu d'une adversité politique quasi constante."

Du Crédit agricole à Atos

Désormais père de trois enfants et alors que l’élection présidentielle entraîne de nombreux mouvements dans les cabinets, c’est dans le privé que Gilles Grapinet - que l’on dit stratège et meneur d’hommes - décide de mettre à profit son expérience. Au Crédit agricole, ce bourreau de travail aura la charge de la stratégie puis de l’activité systèmes et services de paiement, la spécialité de sa future maison Worldline. Gilles Grapinet rejoint ensuite Atos. Sous la houlette de Thierry Breton pendant plusieurs années, il fut notamment directeur général adjoint chargé des fonctions globales du groupe.

Il est un "adepte de la réforme et du mouvement"

En 2014, la filiale d’Atos, Worldline, spécialiste des services de paiement et transactionnels en ligne, est introduite en Bourse. DG de l’entité depuis l’année précédente, Gilles Grapinet gagne en autonomie. En près de six ans, la capitalisation de son entreprise bondit de plus de 300 %, dépassant même la valeur de son ancien actionnaire. En 2018, elle devient la première société de paiements à neutraliser ses émissions en CO2. Une réalisation permise par un programme RSE débuté trois ans plus tôt et visant l’efficacité énergétique des data centers, des bureaux et des terminaux de paiement du groupe. Worldline fournit depuis des solutions neutres en carbone à ses clients.

L’acquisition d’Ingenico

Début 2020, le patron annonce une opération de taille : l’acquisition d’Ingenico pour 7,8 milliards d’euros. Un rapprochement qui permet à la nouvelle entité d’être aujourd’hui le quatrième acteur mondial de son secteur. Selon le Boston Consulting Group et Swift, les revenus générés par les paiements électroniques pourraient atteindre en 2027 les 2 400 milliards de dollars. Si la part du gâteau ne cesse d’augmenter, les gros acteurs sont dans les starting-blocks et les fintechs ne demandent qu’à grandir. D’où la nécessité de se structurer pour pouvoir être présent sur toutes les transactions. Mais rien d’inaccessible pour Gille Grapinet, que l’actuel gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qualifiait il y a quelques années déjà dans Les Échos d’"adepte de la réforme et du mouvement". Celui qui est aujourd’hui quinquagénaire a encore de belles années devant lui pour continuer à façonner un pan incontournable de l’économie.

Olivia Vignaud

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