J-P Mesic (Stellantis) : 'En 2030, 30% de nos modèles seront électriques"
Décideurs. Vous avez en charge les ventes B2B de Stellantis en France. Sur ce marché en progression, quels sont les résultats des marques du groupe?
Jean-Pierre Mesic. À fin avril, nous constatons que la progression des ventes aux entreprises a redémarré plus vite que celle émanant des particuliers. En parts de marché, Peugeot détient 28,4 % des achats réalisés par des entreprises. Cela représente 20000 véhicules commercialisés en plus depuis le début de l’année par rapport à 2020. L’écart entre Peugeot et le second sur ce secteur est extrêmement important. Au troisième rang, Citroën détient 11,3 % de parts de marché, DS 1,7 % et Opel 1,3 %.
Comment procédez-vous pour proposer l’ensemble des quatorze marques du groupe à votre clientèle flotte ? Une saine concurrence interne prévaut-elle ou est-ce le client qui dicte son choix?
Le pilotage et l’approche multimarques existaient déjà au sein de PSA, donc culturellement cette démarche est déjà organisée. Sous la bannière Stellantis, nous allons l’étendre en direction des grands comptes ainsi qu’auprès des acteurs de la location longue et courte durée. Pour la partie d’activité BtoB qui passe par le réseau des différentes marques, l’approche qui avait cours auparavant sera maintenue. Pour nos très gros clients, nous avons en effet une démarche transversale associant l’ensemble des marques. Cependant, nous tenons à préserver l’identité de chacune d’entre elles tout en jouant sur les synergies. Cela permet de créer de nouvelles alternatives pour nos clients et cela nous ouvre la voie à l’acquisition de nouvelles parts de marché. De la même manière, au sein des différentes marques du groupe, motorisations et performances sont sensiblement identiques.
Comment la clientèle des entreprises perçoit-elle les similitudes d’un modèle et d’une marque à l’autre ?
En ce qui concerne les motorisations, il convient de rappeler que nous proposons une offre très large mais que chaque marque a sa propre identité. De même, chaque véhicule a son propre TCO (Coût total d’usage - NDR) lequel répond à un besoin ou à un niveau d’attractivité envers le collaborateur de l’entreprise, qu’il soit commercial, cadre ou dirigeant. Enfin, notre offre s’est considérablement élargie avec l’introduction de motorisations électriques et hybrides rechargeables. Nous proposons cette double technologie sur un large segment de modèles avec une large palette de carrosseries et de technologies. L’introduction de la loi LOM sur les mobilités et les incitations fiscales liées au bonus écologique nous ouvrent de nouvelles possibilités de gains de part de marché. Nous enregistrons ainsi une forte croissance de nos ventes de modèles hybrides rechargeables mais nous prenons également notre part des ventes de véhicules électriques avec une offre qui s’est élargie. Celle-ci s’étend désormais avec les Peugeot e-208 et e-2008, la DS3 e-Tense, l’Opel e-Mokka, la Fiat 500 e et désormais la Citroën e-C4.
Quelles sont les raisons de l’engouement des flottes pour les modèles hybrides et de l’élan plus faible enregistré pour les voitures électriques ?
Les ventes de véhicules électriques vont continuer de progresser notamment grâce à la croissance du nombre de bornes publiques et aux progrès réalisés dans la rapidité de recharge des batteries. Un frein a été levé, celui de l’accessibilité des clients à l’offre de modèles électrifiés. Le prix de vente et les TCO de ces véhicules sont en effet en phase avec ceux des modèles thermiques. Désormais c’est l’usage qui doit être compatible et pour cela les flottes d’entreprises se penchent naturellement sur l’organisation qu’elles doivent mettre en place. Quant aux voitures hybrides rechargeables, elles bénéficient d’un usage mixte – thermique et électrique – attractif mais l’intérêt de ces modèles est de pouvoir être utilisés surtout en usage électrique. En 2025, 98 % des modèles du groupe seront électrifiés et, en 2030, 100 % de nos modèles seront électriques.
Propos recueillis par Jean-Pierre Lagarde