L’ETI mayennaise a eu du nez en constituant des stocks importants juste avant le premier confinement. Cela lui a permis de répondre à la demande et de partir à la conquête de nouveaux marchés.

En temps ordinaire, une croissance annuelle de 0,2 % ne se fête pas et peut même donner lieu à quelques inquiétudes. Mais lorsque le secteur est englué dans une récession comprise entre 20 % et 30 %, il est permis de garder le sourire. C’est le cas de Bruno Bouygues, PDG de GYS. Cette entreprise, créée en 1964, est spécialisée dans les équipements de soudage, de carrosserie et les chargeurs de batteries. Le groupe possède le morphotype parfait des entreprises de l’ouest de la France : marché de niche, innovation, ouverture sur le monde mais attachement à son territoire d’origine. Certes, GYS réalise 55 % de son chiffre d’affaires à l’étranger, mais 70 % des salariés se trouvent en Mayenne.

L’art de prévoir

Entre février et mars 2021, alors que la crise sanitaire fait de plus en plus parler d’elle, certains événements professionnels sur lesquels GYS mise beaucoup sont annulés en rafale : salon de l’automobile de Genève, salon de la quincaillerie industrielle de Cologne… Le patron du groupe, Bruno Bouygues, pressent que les frontières fermeront bientôt et décide de réagir rapidement en achetant en deux jours l’équivalent de huit mois de stocks. Coup de chance, GYS possède un nouveau centre logistique flambant neuf de 9 000 m2 . "Un pari gagnant, se réjouit Bruno Bouygues dans les colonnes d’Entreprendre. La crise a donné une prime à celui qui avait du stock pendant le confinement." Le dirigeant a misé sur des pénuries, acquis un maximum de composants pour pouvoir fabriquer puis livrer rapidement sur tout le continent lors du rebond de marché. Qui a fini par arriver en début d’été.

"Le confinement a donné une prime à celui qui avait le plus de stocks"

La crise, quelle crise ?

À l’instar de la fourmi de Jean de La Fontaine, les stocks de GYS étaient bien pourvus. Résultat, "dans un contexte difficile où, sur certains segments, l’offre manque, de nombreux distributeurs de toute l’Europe se sont tournés vers GYS et ont été surpris de trouver une offre globale en quantité", se félicite le patron issu d’une lignée d’entrepreneurs centraliens. Malgré la baisse de l’activité, l’ETI a réussi un tour de force : gagner plus de clients en six mois qu’en dix ans. De quoi ne pas craindre l’avenir. En 2021, GYS table sur une croissance comprise entre 20 % et 30 %. Pour l’accompagner, la société souhaite recruter une trentaine de nouveaux collaborateurs et, à moyen terme, agrandir ses sites de Saint-Berthevin et de Changé. De son côté, Bruno Bouygues a remporté le titre de manager de l’année dans son département.

Lucas Jakubowicz

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