P. Soullier (Valtus) : "Nous sommes devenus des acteurs de missions à impact"
Décideurs. Qu’avez-vous mis en place pour garder la motivation de vos collaborateurs durant cette crise ?
Philippe Soullier. Plus le télétravail s’intensifie, plus les collaborateurs s’éloignent de la vie de l’entreprise. C’est pourquoi nous nous sommes demandé comment les impliquer sur l’utilité de notre métier, quel est le sens de notre entreprise. Pour ce faire, nous avons mis en place plusieurs initiatives. Parmi celles-ci : nos associés présentent aux équipes des missions à impact qui ont du sens.
Quel est le but de ces présentations ?
Nous essayons de montrer quels sont les résultats d’une mission de transition et quel est le rôle du manager de transition et que celui-ci est au service de la transformation des entreprises. Les associés présentent des missions qui montrent que nous sommes au cœur de la transition sociétale ou au cœur de la transition énergétique. Transition sur laquelle nous avons une efficacité immédiate.
Par exemple ?
Nous avons été appelés en urgence par une direction industrielle pour adapter ses processus à l’interdiction par la Commission européenne des pailles en plastique au 1er janvier 2021. Ce qui nécessitait un travail d’innovation et d’industrialisation en moins de 6 mois. Cette mission avait un double impact : assurer la continuité de cette entreprise familiale et lui permettre de devenir un acteur de la transition énergétique. Autre exemple, nous avons mené une mission au sein de la direction d’une usine qui réalise la déconstruction automobile. En donnant une seconde vie aux pièces auto, elle participe à l’économie circulaire. Notre manageur de transition a accéléré l’efficacité du centre, ce qui bénéficie à l’entreprise, aux assureurs ainsi qu’aux citoyens.
"Nous pouvons être fiers de notre métier et de nos manageurs de transition dont l’utilité débordent du cadre standard de leur activité"
Disposez-vous d’une offre dédiée à ces transformations sociétales ?
Comme Monsieur Jourdain qui fait de la prose sans le savoir, nous sommes devenus des acteurs de missions à impact, avec des effets extrêmement mesurables sur le court terme, sans avoir lancé une offre spécifique. Nous pouvons être fiers de notre métier et de nos manageurs de transition dont l’utilité débordent du cadre standard de leur activité.
Avez-vous un exemple, dans votre cœur de métier RH, de ce lien entre société et innovation ?
Nous avons travaillé avec un sous-traitant de grands opérateurs télécoms dont l’activité consiste à tirer des câbles pour déployer la fibre à travers la France. Cette entreprise rencontrait un problème de fidélisation de ses collaborateurs. Notre mission, en tant que DRH, était de réduire le taux de départs et montrer qu’il faisait bon vivre dans cette société. Là encore, nous avons allié engagement sociétal et facilitation des avancées technologiques.
Vous avez néanmoins une practice liée au numérique, autre sujet d’évolution sociétale ?
Effectivement, l’un de nos associés connaît très bien le monde digital et accompagne les scale-up dans leur développement. Il dispose d’un réseau pour détecter les manageurs capables de réaliser ce type de missions. Par exemple, il y a quelques années, nous avons eu une mission pour la direction financière de Devialet. Aujourd’hui, nous pouvons assurer des missions dans son cœur de métier et à forte valeur digitale. Nous observons d’ailleurs une révolution sociétale avec la gig économie : de plus en plus de personnes veulent travailler de façon indépendante. C’est notamment le cas dans l’informatique. Nous allons vers un mouvement où une partie de la force de travail souhaite rester indépendante. Un certain nombre de personnes expérimentées ne savent pas ce qu’est le management de transition. Ils n’envoient pas leur CV. Il faut les détecter et les séduire.
Propos recueillis par Olivia Vignaud