Air, mer, terre… et maintenant cyber. L’Allemagne est le premier pays de l’OTAN à se doter d’une véritable cyber-armée, composée d’informaticiens militaires et civils d’élite. 14 000 experts lutteront à terme contre les milliers d’attaques perpétuées chaque année contre l’armée allemande. Reste à savoir qui voudra bien jouer les guerriers 2.0.

L’armée allemande est le cœur de cible de centaines de milliers d’attaques informatiques par an. L’État en a recensé 284 000 sur les deux premiers mois de 2017. Kathrin Suder, secrétaire d’État à l’armement insiste, « Ce n’est pas de la science-fiction, c’est l’amère réalité ». La semaine dernière, Ursula Von Der, ministre de la Défense a décidé de passer à l’offensive en présentant son nouveau commando de la Bundeswehr : une cyber-armée. Elle sera le pendant militaire du « Département ministériel pour les techniques d’information et la cyber-sécurité » inauguré en octobre 2016. La nouvelle organisation, baptisée « Commandement pour l’espace informationnel et informatique » aura pour mission dès juillet 2017 de protéger l’armée allemande contre ces nouvelles menaces virtuelles, dont les conséquences réelles peuvent être très lourdes. « Avec la mise en réseau et les évolutions technologiques de nos forces armées, nous sommes devenus vulnérables face à cette nouvelle menace », explique la ministre lors de la présentation de cette nouvelle branche militaire. Du piratage d’un ordinateur de bord dans un char d’assaut nouvelle génération à celui de l’intégralité des réseaux de communication de la Bundeswehr en passant par les systèmes informatiques de l’armée, les scénarios sont nombreux…et inquiétants. Le travail défensif du nouveau commando sera donc essentiel. Ses membres pourraient même être formés à lancer des attaques, d’après le média Euractiv.

 

14 000 cyber-guerriers composeront le nouveau commando

Aux grands maux les grands moyens : le cyber-commando commencera avec 260 hommes militaires et civils et comptera à terme 14 000 personnes. Un effectif égal à celui de la Marine. Ces effectifs seront complétés par une « cyber-réserve de civils. Les cyber-guerriers seront sous les ordres de l’« Inspekteur » Ludwig Leinhos, vétéran de l’armée et général spécialiste de l’informatique. Toute la difficulté sera d’attirer ces hackers d’élite, généralement plus séduits par d’autres sphères, d’autant plus que la concurrence des salaires proposés aux spécialistes de l’informatique dans le civil est coriace. Afin de les convaincre, 25 millions d’euros seront attribués à un projet-pilote, le « Cyber innovation hub », pendant trois ans. La plateforme fera le lien entre des start-up et des pirates « white hat » et l’armée afin de bien coordonner les activités en matière de cyber-sécurité.

 

Un modèle à dupliquer

Philippe Saldern, président du conseil de sécurité informatique allemand, a déclaré à Euractiv Allemagne espérer que cela serve de modèle pour d’autres programmes gouvernementaux. La France est déjà sur le pied de guerre. Pour Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense français, « L’émergence d’un nouveau milieu, d’un champ de bataille cyber, doit nous amener à repenser profondément notre manière d’aborder l’art de la guerre. » La France s’est déjà dotée en janvier 2017 d’un commandement des opérations cyber, placé sous la responsabilité directe du chef d’état-major des armées. Il devrait superviser d’ici à 2019 environ 2 600 cyber-combattants.

 

Marion Robert

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