Fruit d’un partenariat entre l’État et les collectivités locales, les établissements publics d’aménagement ont pour mission de contribuer au développement des territoires, notamment par la production de logements. Ce sont, pour Nicolas Ferrand, « des outils clés pour innover et inventer les standards de la ville de demain ».  Le directeur général des établissements publics d’aménagement de Marne-la-Vallée dresse ici les éléments distinctifs de la dynamique de ce territoire.

Décideurs. Comment définiriez-vous les atouts de Marne-la-Vallée et son positionnement en Île-de-France ? 
Nicolas Ferrand. Marne-la-Vallée manifeste d’abord d’un équilibre extrêmement précieux entre l’habitat et le développement économique. Il y a autant d’emplois que d’actifs présents sur le territoire. Chaque année, nous créons 2000 emplois. C’est possible de par un tissu économique vivace composé d’activités tertiaires, industrielles et de services. Les parcs de Disney génèrent 15 000 emplois, certes, et ils sont emblématiques de notre territoire, mais nous atteignons 145 000 emplois au total. L’absence de secteur dominant nous permet d’être en capacité de résilience économique s’il advenait une crise dans l’une des filières. Ensuite, notre capacité à produire des logements est manifeste. Plus de 75 000 ont été produits depuis l'origine et nous avons encore un potentiel de 45 000 logements à construire. Enfin, notre qualité de vie constitue un élément différenciant. Nous disposons des services de la première couronne avec des espaces ouverts et naturels qui correspondent à la deuxième couronne. Le rapport à la nature est ici unique, tout en bénéficiant d’une desserte très  complète avec neuf  gares RER auxquelles vont s’ajouter deux gares du Grand Paris Express ainsi que le prolongement de la ligne de métro 11. Nous sommes aussi reliés à l’international par notre proximité de sept minutes avec l’aéroport de Roissy. 

Nous essayons de construire ici la ville européenne du XXIe siècle

Quelle est votre vision de l’aménagement urbain ? 
Nous essayons de construire ici la ville européenne du XXIe siècle, qui se distingue clairement des villes anglo-saxonnes. Tout en évoluant, il est essentiel de conserver notre qualité de vie et certains usages de la cité, notamment la rencontre au cœur des espaces publics ou des cafés. Le numérique va bouleverser – et bouleverse déjà largement avec nos smartphones –   la manière dont on vit en ville. Mais je crois que cette mutation inaugure paradoxalement une nouvelle ère relationnelle, avec le besoin accru de se rencontrer, d’échanger, de collaborer.  Le virtuel active le besoin de corporalité et de vivre la ville avec ses sens. Comment alors  créer cette convivialité avec un aménagement urbain qui sollicite nos émotions ? Et comment cet aménagement urbain peut-il être pertinent non seulement aujourd’hui, mais aussi demain ?   Comment ce que l’on construit aujourd’hui pourra être approprié par les futures générations ?  Voilà les défis et questions qui nous occupent.

En 2015, sur les 2 350 logements nouveaux, 550 étaient à structure bois. Nous sommes devenus naturellement un territoire référent sur le bois


Le choix du bois est l’une de vos lignes directrices en matière d’aménagement. Quels sont les moteurs de cet engagement ? 
Depuis le début de cette ville nouvelle créée en 1972, l’idée  de privilégier la présence de la nature en ville a été fondatrice. L’attention aux éléments naturels a guidé une certaine vision, celle des bois qui rentrent dans la ville, de l’eau qui vient apaiser et constituer de la biodiversité avec des réseaux d’étangs.  À cela s’ajoute que deux acteurs du bois sont implantés sur notre territoire, le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) et le FCBA (l'Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement), dont le nouveau siège social implanté à Champs-sur-Marne est un magnifique bâtiment bois achevé en 2014 qui dispose d’une structure en bois lamellé. Ces deux structures nous ont conduites à nous positionner sur ce matériau. Nous sommes d’ailleurs le premier aménageur public à avoir rejoint les rangs d’ADIVbois (ADIVbois, l’Association pour le développement des immeubles à vivre bois.) en mai 2016. En 2015, sur les 2 350 logements nouveaux, 550 étaient à structure bois. Nous sommes devenus naturellement un territoire référent sur le bois.

 

Dans ce domaine, quelle réalisation la plus significative avez-vous envie de citer ?
Nous avons contractualisé en novembre dernier avec Vinci une tour en bois de logements d’étudiants. Elle sera livrée en 2018 et sera la plus haute tour de France, jusqu’à ce que la tour de Bordeaux nous rattrape à sa livraison en 2021… Mais ce n’est pas l’altitude qui est la plus visionnaire et innovante dans ce projet.  L’inédit est que nous allons parvenir à réaliser un parking en bois de cinq demi-niveaux, qui préviendra les incendies. La tour comme le parking font appel à des solutions bois performantes, dont le bois lamellé, qui s’impose pour les bâtiments d’envergure.  
 

Propos recueillis par Laetitia Sellam

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