Fiançailles entre Vivendi et Altice

Le conseil de surveillance de Vivendi a voté à la quasi-unanimité l’entrée en négociations exclusives avec Altice, holding propriétaire de Numericable et dirigée par Patrick Drahi. La nouvelle, à défaut de satisfaire les politiciens engagés à l’image d’Arnaud Montebourg, ne surprend pas vraiment. Malgré la contre-offensive de poids lancée il y a quelques semaines par Bouygues Telecom, l’entreprise aux 8 500 employés dans le fixe et le mobile n’a jamais réussi à combler le retard pris sur Altice. Le groupe de Patrick Drahi a bénéficié d’avantages sur quatre points essentiels. Il a déjà proposé 450 millions d’euros de plus que son concurrent, portant son prix de rachat à 11,75 milliards d’euros en cash. L’intégration de deux structures aussi imposantes que SFR et Bouygues Telecom n’a ensuite pas aidé l’entreprise de Martin Bouygues. Troisième élément décisif, les perspectives de développement aux côtés de Bouygues, avec une offre mobile dont ses parts de marché décroissent, n’ont pas séduit Vivendi. Enfin, dans le cas d’une lente intégration de SFR au sein du réseau de Bouygues, le marché aurait eu le temps de chuter et de laisser la porte ouverte à une intense guerre des prix, néfaste pour la participation minoritaire de Vivendi au capital de la nouvelle entité.

En dépit du nouveau rapport privilégié entre SFR et Numericable, les jeux ne semblent pas encore faits. C’est d’ailleurs l’avis du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg ayant déclaré sur France 2 que « le débat continu[ait] ». Vivendi s’est fixé un délai de trois semaines pour valider la proposition finale de la holding de Patrick Drahi, sans quoi elle serait amenée à revoir l’offre concurrente ou introduire sa filiale en Bourse.

Conseil juridique acquéreur : Franklin, Mayer Brown, Ropes & Gray, Nabarro & Hinge ; Conseil juridique cible : Bompoint, Allen & Overy, Veil Jourde, August & Debouzy, CVML