Tour de tables : les bistrots des grands chefs
Clover Grill
Jean-François Piège cultive une âme bistrotière collectionnant depuis quelques années les tables du genre. Sans pour autant délaisser les étoiles de son "Grand Restaurant", le chef, à l’image aussi soignée que ses assiettes, s’adonne aux plaisirs des tables vivantes et réconfortantes. Clover Grill fait partie de ses plus belles réussites, élevant au rang de la gastronomie un produit à l’actualité décriée : la viande. Mais pas n’importe laquelle ! Elle est la star du restaurant de la salle, où, impudique, elle mature tranquillement, avant d’être cuite sur la braise et divinement bien accompagnée. Le paradis des viandards exigeants et sensibles aux produits exceptionnels et bien sourcés. Notre coup de cœur : l’œuf sous la cendre, les pommes allumettes comme on n’en fait plus et, bien entendu, la côte de bœuf.
Du mardi au samedi de 12 h 00 à 14h15 et de 19 h 00 à 23 h 00. €€-€€€
Brasserie Lazare
Il fallait se risquer à installer une table de qualité au sein d’une gare. Pensé comme un lieu de vie, le restaurant d’Éric Frechon est bien plus : un aller direct vers nos souvenirs d’enfance situé le long du parvis, entre la cour de Rome et la cour d’Amsterdam, au cœur d’un quartier animé. Le chef triplement étoilé au Bristol depuis douze années consécutives dévoile ici une cuisine familiale, gourmande et réconfortante. Entre deux trains ou entre deux réunions, le plaisir de saucer son assiette prend rapidement le dessus face au jus de «la meilleure saucisse purée de Paris» ou du suprême de pintade fermière rôti en caissette. Vous ressortirez même réconciliés avec la rémoulade de céleri-rave. À ne pas rater, le Paris-Deauville, un dessert créé pour le Lazare qui revisite le Paris-Brest. Pensez aussi à garder un œil sur l’attrayant semainier.
Tous les jours de 7 h 30 à 22 h et le samedi et dimanche de 11 h 45 à 22 h. €€
Jòia
Il y a de la joie rue des Jeûneurs. Hélène Darroze, cheffe solaire et médiatique, y pilote, en plus de sa Salle à Manger étoilée devenue depuis Marsan, une table de partage. Dans l’assiette, elle assume une cuisine de grand-mère franche et gourmande. Et dans un cadre très chaleureux, on s’amuse dès l’entrée avec le guacamole à écraser dans son mortier avant d’enchaîner plus sérieusement sur un foie gras qui ne fait pas honte à ses origines… landaises, il va de soi. En plat, on hésite à partager le merlu de ligne qui flirte avec un assaisonnement ibérique ou à se réserver le poulet jaune brioché de foie gras sous la peau, à la fausse simplicité. En dessert, ne passez pas à côté de l’hypnotique mille-crêpes au thé matcha, déjà mythique. "Si c’est pas le bonheur, ça y ressemble" nous répète la cheffe et on lui fait confiance.
Ouvert du mardi au samedi de 12 h à 14 h et de 19 h à 22 h. €€
Aux Lyonnais
On ne présente plus Alain Ducasse, 18 étoiles au guide Michelin, chef au talent culinaire aussi aiguisé que son sens des affaires. Parmi ses 34 tables figure une institution où l’on sert des plats typiques de la culture populaire lyonnaise depuis la Seconde Guerre mondiale. Repris il y a près de vingt ans, le bouchon parisien reste fidèle à la tradition. D’abord à travers un lieu qui assume clairement ses origines avec ses boiseries, son zinc et ses faïences décorées. Et surtout des assiettes que ne renieraient ni les gones ni les canuts. Œuf en meurette au Beaujolais ou pâté en croûte, l’hommage commence dès l’entrée et se poursuit avec la volaille de Bresse au vinaigre en deux services ou le filet de sandre et sa quenelle. Et finir en beauté avec les prunes rôties à l’eau-de-vie et ses bugnes au fenouil.
Ouvert du mercredi au samedi de 12 h à 14 h 15 et de 19 h à 22 h 30. €€
Béatrice Constans
Tranches de prix € : jusqu’à 50 euros - €€ : jusqu’à 100 euros - €€€ : jusqu’à 200 euros